Le Dr Jacquin, rhinoplasticien à Lyon, explique sa vision de la rhinoplastie

Le docteur François Jacquin est chirurgien plastique et esthétique à Lyon où la plus grande partie de son activité concerne la rhinoplastie, son domaine de prédilection. Son expérience en la matière et sa compréhension des fonctions respiratoires fait de lui un expert en matière de rhinoplastie.

Il répond à quelques questions autour de la rhinoplastie et de sa vision sur cette chirurgie très demandée.

Pour vous, qu’est-ce qu’une rhinoplastie réussie ?

Le nez doit être adapté au visage, je n’ai pas envie de faire le même nez à tout le monde. Il peut aussi être intéressant de conserver des caractéristiques ethniques qui donnent du charme au visage.

Ma philosophie est de faire un nez le plus naturel possible, un nez qui ne se remarque pas, qui soit harmonieux, sans modifications excessives, et surtout un nez qui respire.

Pourquoi privilégier des modifications modérées lors d’une rhinoplastie ?

Il existe plusieurs arguments qui justifient le fait d’effectuer des modifications modérées. Tout d’abord, il faut comprendre que plus on réduit un nez, moins il va bien respirer. C’est ce qui arrive quand on réalise des résections excessives pour réduire le nez. La recherche d’un petit nez ne doit pas entrer en contradiction avec le fait de bien respirer.

Ensuite, les modifications excessives du nez sont avant tout une question de mode. Dans la période des années 80, la rhinoplastie créait de petits nez trop retroussés dits « nez à la parisienne ». Cette conception de la rhinoplastie est un peu dépassée, on accepte aujourd’hui volontiers un nez plus volumineux avec plus de présence.

Mais avec Instagram et les réseaux, on retrouve à nouveau une tendance chez les jeunes femmes à avoir de tout petits nez retroussés et infantiles ; le « nez Instagram ». Cette mode risque d’entraîner des séquelles respiratoires avec des nez qui ne seront plus d’actualité dans quelques années.

Enfin, il est plus facile de remonter ou de réduire un nez secondairement que d’allonger un nez ayant subi une résection excessive. C’est difficile de faire marche arrière en cas de corrections excessives. Privilégier des modifications modérées est donc aussi une question de prudence.

On parle beaucoup de la rhinoplastie ultrasonique, qu’en pensez-vous ?

La technique ultrasonique a mis au point des instruments qui rendent grandement service, mais qui n’ont pas révolutionné la rhinoplastie contrairement à la technique de préservation qui prend de plus en plus de place dans mon activité depuis quelques temps. Il s’agit d’une technique conservatrice de certaines lignes d’origine du nez qui est aussi moins traumatisante que les techniques de rhinoplastie « classiques. »

La rhinoplastie est-elle une opération risquée ?

Oui, mais pas en termes de risque chirurgical, c’est une chirurgie anodine qui n’est pas plus risquée qu’une opération des dents de sagesse. Il existe en revanche un risque d’insatisfaction non négligeable.

Beaucoup de patient(e)s ne sont pas content(e)s des résultats de leur rhinoplastie, les poussant à consulter de nouveau et même à se faire réopérer. Ce n’est pas le cas dans la plupart des autres opérations à visée esthétique. En comparaison, si on regarde la pose de prothèses mammaires ou la liposuccion, dans 90% des cas, les patient(e)s sont satisfait(e)s.

Ces chiffres ne sont pas aussi élevés concernant la rhinoplastie, car il s’agit d’un cas très particulier avec un investissement psychologique très important. Il est possible qu’une rhinoplastie ne règle pas forcément le problème du fait de la constante psychologique de ce dernier.

Existe-t-il un profil de patient idéal pour une rhinoplastie ?

Je dirais que le profil le plus adapté pour une rhinoplastie est une personne avec une situation personnelle stable, qui n’est pas en conflit familial, qui est réellement lucide sur son cas et présente vraiment des imperfections disgracieuses qui attirent le regard.

Quand j’ai commencé à exercer en tant que rhinoplasticien, il y a 30 ans, c’étaient essentiellement ces cas de figure qui étaient rencontrés. Aujourd’hui, beaucoup de personnes se présentent avec un nez parfaitement normal et veulent le changer.

Il est de mon rôle d’essayer de faire la part des choses dans la demande du patient. Je vois parfois des nez qui me paraissent tout à fait adaptés, qui présentent des particularités donnant du charme au visage. À titre personnel, je considère que certaines personnes feraient mieux de garder leur nez tel qu’il est. Il m’arrive donc parfois de refuser de faire une rhinoplastie et d’essayer de convaincre les patients que leur nez ne nécessite pas de chirurgie.

En tant qu’expert, quels conseils donner aux personnes souhaitant recourir à une rhinoplastie ?

Il faut bien réfléchir avant de songer à la chirurgie esthétique et essayer de comprendre la cause du mal-être. Très souvent, et même de plus en plus souvent, des personnes mal dans leur peau sont persuadées que leur nez est responsable de ce mal-être. Je conseillerais éventuellement de consulter un psychologue en cas de fixation excessive sur un défaut relativement modéré, car cela peut parfois cacher un trouble bien réel de dysmorphophobie.